Dans l’alchimie, parmi les grandes lois des théories hermétiques, il en est une qui est à la base de toutes: celle de l’Unité de la Matière.
Pour les alchimistes, la Matière est une et tout à la fois.
Elle est une parce qu’elle est unique et universelle.
Tout, parce qu’elle peut prendre diverses formes et se combiner à elle-même pour produire un nombre infini de nouveaux corps.
Cette matière primaire est retrouvée dans de nombreux écrits hermétiques sous les noms de “semence”, “chaos”, ou encore “substance universelle”.
Sendivogius, plus connu sous le pseudonyme Cosmopolite, explique ce principe d’unité de la matière:
“Les chrétiens veulent que Dieu ait d’abord créé une certaine matière première… et que de cette matière par voie de séparation, ayant été tirés des corps simples, qui ayant ensuite mêlés les uns avec les autres, par voie de composition servirent à faire ce que nous voyons… Il y a dans la création une espèce de subordination, si bien que les êtres les plus simples ont servi de principes pour la composition des suivants et ceux-ci des autres.”
Alchimie: La loi de d’Unité de la Matière
La Substance Universelle se veut donc bien unique et donne lieu à de multiples croisements de sa matière pour en former de nouvelles. De simple, elle peut devenir, par voie de composition, plus complexe. Le procédé de création fonctionne ainsi, les corps simples ne servent qu’à la composition de corps plus complexes, qui eux-même ne servent qu’à la création de corps plus complexes encore.
La Matière est également indestructible. Cosmopolite avait fait état de cette particularité de la substance universelle:
“ … Tout ce qui porte le caractère de l’être ou de la substance ne peut plus le quitter et par les lois de la nature, il n’est pas permis de passer au non-être. C’est pourquoi Trismégiste dit fort à propos, dans le Pimander que rien ne meurt dans le monde, que toutes choses passent et changent.”
Cette pensée émise par Hermès Trismégiste à partir du IIe siècle environ – il est difficile de dater les écrits de cet auteur mystérieux – n’est pas sans rappeler la très célèbre citation de Lavoisier, datant du XVIIIe siècle, ère de la philosophie des lumières.:
“ Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme”
Les alchimistes s’entendirent ensuite pour donner à la matière unique, deux orientations. Elle se différenciait en soufre et en mercure et formait ainsi tous les corps.
Plus tard, ils admirent l’importance du principe du sel, sans pour autant lui donner la même valeur qu’au mercure et au soufre.
Ainsi, le mercure correspond à la brillance, la volatilité, l’aptitude à fondre et à se fusionner et la flexibilité de la matière.
Le soufre, au contraire, figure la couleur, la combustibilité, la dureté ainsi que le moyen d’attaquer les autres métaux.
Le sel serait quant à lui un moyen d’unifier les deux matières.
Malgré cette distinction, il ne faut jamais oublier que le Soufre, le Mercure et le Sel ne sont rien d’autres que des propriétés de la substance universelle. Ils font partie intégrante de cette matière première et ne sont pas différents d’elle.
“Ô merveille, le Soufre, le Mercure et le Sel me font voir trois substance en une seule matière” – Marc-Antonio, Lumière sortant par soi-même des Ténèbres.
Cette division de la matière n’a d’autre but que de rendre plus pratiques les théories et expérimentations de ces philosophes hermétiques.
Par souci de compréhension, il fallait déterminer une nomenclature spécifique aux travaux de transmutation. Soufre, Mercure et Sel déterminent des principes de la substance universelle et ne peuvent être considérées comme des matières à part entière.
Lorsqu’un alchimiste séparait le Soufre du Mercure, cela signifiait qu’il éliminait dans un corps certaines propriétés. Par exemple, rendre un métal infusible en le transformant en chaux, c’était volatiliser son Mercure et extraire son Soufre.
La loi d’Unité de la Matière reconnaît donc une unique et indestructible substance universelle capable de prendre une infinité de formes par mixture avec elle-même. Selon les philosophes hermétiques, elle serait à l’origine de tout ce qui existe.
Aucun corps ne peut être dépourvu de la Semence. Pour servir leurs études de cette Matière aux possibilités infinies, ils déterminèrent trois grandes propriétés de cette substance: Le Soufre, le Mercure et le Sel.
Les expériences d’alchimie ultérieures eurent pour base ce principe d’Unité de la Matière.
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